Le moment de l’orientation chez nos jeunes est souvent synonyme d’angoisse, tant pour eux-mêmes que pour les parents.
Depuis leur plus jeune âge, nos enfants se voient questionnés sur leur avenir :
« Et toi, que veux-tu faire plus tard ? »
Question que tout un chacun s’est déjà vu posée dans sa jeunesse.
Des influences que les jeunes subissent, de la représentation de certains métiers amenée par l’entourage familial ou l’environnement social, il est souvent très compliqué pour l’adolescent, qui est de surcroit en pleine construction identitaire, de faire ses propres choix.
Aussi, comment l’aider à faire le tri dans ce qu’il aime / n’aime pas ? dans ses motivations ? dans ce qu’il ressent et ce qu’il ambitionne pour sa vie ?
Les influences de l’enfance
Les représentations
Très tôt, les enfants acquièrent bien malgré eux une représentation de certains métiers.
En particulier, des études américaines menées par la chercheuse Linda Gottfredson ont montré que les enfants associent dès l’âge de 5 ans certaines professions au fait d’être garçon ou fille. Et dès l’âge de 9 ans, ils arrivent à avoir une représentation du niveau de prestige de certains métiers, en fonction du niveau de vie des personnes, de la taille de leur maison ou de leur voiture. A l’entrée au collège, l’influence s’accroit avec les réseaux sociaux, les séries télévisées, le cinéma ou les médias.
Les discours
S’ajoutent à cela les représentations sociales et familiales. Certains parents ont parfaitement conscience de leur rôle d’influence et le revendiquent. On entend alors des phrases du type :
« Tu feras de grandes études », « Tu seras médecin comme moi »,
Qui sont une forme d’injonction. L’enfant va imprimer ce message et la voie est toute tracée. Pour peu qu’ils ne s’en écartent pas, avec plus ou moins de violence.
Pour d’autres parents, la priorité est que leur enfant puisse faire ses propres choix. Le discours est alors :
« Tu feras le métier que tu veux, les études que tu veux », « Peu importe tes choix, on te suivra ».
Cependant, on ne peut pas nier que même dans les cas les plus sincères, les influences sont là, et viennent du quotidien des parents ou des proches, des conversations entendues entre adultes, de la pression sociale et de la relation à l’argent.
Les représentations vont donc jouer un rôle prégnant dans les choix et l’orientation future de notre enfant en construction. Il est donc légitime de se demander où est la part de choix laissée à l’enfant.
Le moment du choix
Le collège
Dans le système scolaire français, les premiers choix d’orientation vont se faire très tôt. Le premier est dès la 6°, à l’entrée au collège, où il est possible de choisir les langues qui seront étudiées pour tout le reste de la scolarité, d’avoir des options sport ou musique, …
Ensuite, en classe de 4°, les élèves sont amenés à choisir entre des études générales longues ou des études professionnelles courtes.
Le lycée et après
Arrive ensuite le lycée, où les élèves doivent choisir des enseignements de spécialité, qui dessinent déjà les contours de leurs études à venir, post baccalauréat.
Nombre de ces choix d’orientation se font en fonction des notes de l’élève uniquement, et/ou sur insistance des parents. Il n’est pas rare que des adultes en parcours de bilan de compétences indiquent qu’ils auraient voulu prendre une voie littéraire par exemple mais que leurs parents ou l’Education Nationale les ait poussés vers une voie scientifique compte tenu de leurs facilités pour ces matières ou des débouchés. Sauf que des années plus tard, ils sont en questionnement, ne trouvant pas l’épanouissement dans leur métier ; et retombent invariablement sur des envies et projets en liens avec leurs envies d’adolescents.
Comment aider son adolescent à faire un choix éclairé ?
Faire un choix est compliqué pour bien des adultes alors pour un adolescent en proie à sa recherche d’identité, à ses émotions et à ses découvertes de la vie, c’est un vrai calvaire et parfois une grande source d’angoisse.
Les difficultés peuvent provenir de la multitude de possibilités qui s’offrent à eux, à une méconnaissance des filières et des métiers sur lesquelles elles peuvent déboucher, d’un stress paralysant devant l’obligation de choisir et surtout, d’une connaissance de soi partielle ou absente.
Pour la connaissance des filières et des métiers, de nombreux outils sont à disposition et il ne faut pas se priver de les utiliser : sites internet spécialisés (Onisep ou Studyrama par exemple), journées portes ouvertes des établissements, Centres d’Informations et d’Orientation, les enquêtes métiers, … L’engagement et la proactivité du jeune dans la démarche seront déterminants.
Le stress du choix peut provenir d’un manque d’estime ou de confiance en soi, et doit être traité spécifiquement, avec un accompagnement adapté, par un coach ou un psychologue.
Enfin, la connaissance de soi est LE fondement d’un choix éclairé. Se connaitre est la clé :
Comment pourrais-je choisir une voie qui me convienne si je ne suis pas au clair avec moi-même, mes goûts, mes valeurs, mes envies, … ?
La réalisation d’un travail sur soi, d’introspection est le plus souvent réalisé à l’âge adulte. Ce n’est pas pour autant que les adolescents n’en ont pas besoin ou qu’il n’y a pas matière. Bien au contraire. Les jeunes sont déjà riches d’expériences, qui les a forgés et les a amenés à avoir des avis, opinions et goûts prononcés. Les entretiens menés avec des jeunes sont d’ailleurs souvent surprenants de richesse.
Des outils…
Se poser les questions le plus tôt possible sur ce que l’on est au plus profond de nous, ce qui nous fait vibrer, ce qui nous fait nous lever le matin, ne peut que nous aider à bien avancer dans la vie.
Pour cela, des outils spécifiques existent, comme des tests de personnalités classiques, les tests pour mieux définir des ses centres d’intérêt. On peut citer par exemple le RIASEC ou le TRICAM, deux tests très connus et très utilisés. Ils vont s’appuyer sur les réponses apportés par la personne. Ce sont donc des tests déclaratifs, qui doivent être utilisés en complément d’un accompagnement. En effet, les résultats d’un test ne doivent jamais être pris au mot, tel que, sans le regard expérimenté d’un professionnel. Ce serait même contre-productif. Les résultats obtenus ne doivent être qu’une base, une amorce de la réflexion.
Il est également possible d’utiliser la méthode Potentialis®, qui permet, au moyen d’exercices courts et ludiques, de déterminer les potentiels forts de la personne. La force de ce test est qu’il ne s’agit pas de répondre à des questionnaires mais de réaliser des exercices. On s’affranchit donc de la façon dont la personne se perçoit : le résultat est objectif, scoré.
Outre ces tests, d’autres outils peuvent être utilisés en support de la réflexion, comme des métaphores par exemple. On peut citer l’arbre de vie, issu des Pratiques narratives, qui offre un séquençage de la réflexion sur soi, un support à la conversation, pour aller toucher ce qui est important pour la personne.
… mais surtout un accompagnement
Dans tous les cas, la clé est d’écouter la personne, de la questionner, d’aller chercher ses valeurs profondes, ses envies. Toutes les activités effectuées au quotidien, nos comportements, nos émotions, sont source d’indices pour mieux de connaitre. Et ceci, quel que soit notre âge.
Conclusion
L’orientation n’est pas une question à traiter au coup par coup, quand la pression de Parcoursup se fait de plus en plus forte. C’est un travail de longue haleine avec le jeune, qui se fait au quotidien, et qui se base sur ses envies. Les résultats scolaires sont une chose, non négligeable, mais l’orientation ne peut pas se résumer uniquement à cela. Le plus important est de prendre en compte les goûts et les envies de la personne, de prendre le temps de l’écouter, sans l’influencer, de questionner les représentations qu’il a et les éventuels freins qu’il pourrait se mettre.
Il est aussi important de bien avoir conscience que dans le monde actuel, où des métiers se créent et disparaissent tous les jours, qu’aucun choix n’est définitif. De plus en plus, les carrières seront multiples et les reconversions la norme.