Selon la dernière enquête Ipsos (2023), plus de 63 % des femmes se sentent concernées par la charge mentale, et 36 % des hommes.
8 femmes sur 10 (77%) déclarent avoir trop de choses auxquelles penser et avoir peur d’en oublier.
Organisation de la rentrée, des courses, des rendez-vous médicaux et des vacances… Au grand jeu du qui fait quoi, les femmes restent invariablement celles qui anticipent, organisent, répartissent et planifient.
Il existe de nombreuses études, sondages, … qui documentent les inégalités hommes et femmes, sur le temps consacré à la gestion de la maison, les écarts de salaires, l’accès aux postes à responsabilité, … L’objet ici n’est pas d’entrer dans ce débat : les données sont tangibles. Attachons nous plutôt à comprendre les impacts de cette charge mentale sur la personne (quel que soit son sexe et sa situation) et de déterminer comment diminuer cette sensation de surcharge et ainsi contribuer à améliorer le bien-être.
Origine et définition du concept de charge mentale
C’est la sociologue Monique Haicault qui a introduit le terme dans les années 1980. Elle décrivait ce phénomène comme la nécessité de penser simultanément à des tâches appartenant à des sphères différentes, notamment professionnelles et domestiques. Depuis, le phénomène a été très étudié et documenté.
La chercheuse Nicole Brais (Université Laval, Québec) décrit que la charge mentale est un « travail de gestion, d’organisation et de planification qui est à la fois intangible, incontournable et constant, et qui a pour objectif la satisfaction des besoins de chacun et la bonne marche de la résidence ». Il s’agit davantage de la charge cognitive associée à la gestion propre des tâches domestiques que de la réalisation de ces tâches.
Conséquences sur la vie professionnelle et familiale
La charge mentale a des répercussions importantes sur la vie professionnelle. Plusieurs études montrent que cette surcharge cognitive limite les perspectives professionnelles.
En effet, la charge mentale peut entraîner une baisse de productivité et une fatigue chronique. Les personnes constamment sollicitées par des préoccupations domestiques, peinent à se concentrer pleinement sur leur travail. Cela peut nuire à leur performance et à leur progression professionnelle.
Des Français estiment que ce phénomène peut être à l’origine d’un burn out professionnel.
82% des Français estiment que ce phénomène peut être à l’origine d’un burn out professionnel.
Conséquences sur la santé
Sur le plan physiologique, la charge mentale a des effets notables : elle engendre un stress chronique, une fatigue constante et, dans certains cas, un épuisement professionnel ou personnel (tensions au sein du couple ou « burn-out parental » par exemple). L’impact sur la santé psychique est évident.
Des Français perçoivent un lien entre la charge mentale et un risque d’agressivité envers leurs enfants ou leur entourage.
De plus, dans la mesure où la charge mentale est une source importante de stress, cela a des conséquences notables sur la santé : troubles du sommeil, altération de la mémoire, augmentation du risque cardio vasculaire, altération du système immunitaire, troubles digestifs, dérèglements hormonaux, …
Conséquences sur l’estime de soi
L’estime de soi est un vaste sujet. Attachons-nous ici à l’impact que la surcharge mentale peut avoir sur notre sentiment d’auto-efficacité.
Note : Le concept de sentiment d’efficacité personnelle (ou self-efficacy ), tel que défini par Albert Bandura, renvoie à la croyance qu’une personne a en sa capacité à organiser et à exécuter les actions nécessaires pour atteindre un objectif particulier.
- Réduction de la perception de contrôle
La charge mentale peut générer un sentiment d’impuissance face à l’accumulation de tâches. Lorsqu’une personne est submergée par des obligations multiples (professionnelles, familiales, personnelles), elle peut percevoir ses efforts comme inefficaces ou insuffisants, ce qui impacte son sentiment de contrôle sur les événements.
Conséquences :
• On a l’impression que les tâches sont « impossibles à gérer ».
• Une diminution de l’envie de s’investir dans des projets par peur de l’échec.
- Impact sur la gestion des priorités
La charge mentale force souvent à jongler entre des responsabilités conflictuelles, correspondant à se concentrer pleinement sur une tâche à la fois. Ce morcellement peut nuire à la capacité d’atteindre des résultats tangibles, ce qui nuit au sentiment de compétence, un pilier central de l’efficacité personnelle.
Exemple concret :
• Une mère active peut sentir qu’elle « n’est pas assez présente » pour ses enfants tout en ayant l’impression de ne pas être performante au travail. Cette perception d’échec dans plusieurs sphères affecte son auto-efficacité globale.
- Renforcement des croyances limitantes
Le stress induit par la charge mentale peut renforcer des croyances négatives sur soi-même, telles que :
• « Je ne suis pas assez compétent pour tout gérer. »
• « Je n’arriverai jamais à faire face à toutes ces responsabilités. »
Ces pensées alimentent un cercle vicieux : en doutant de ses capacités, une personne devient moins proactive, ce qui diminue encore sa capacité à gérer efficacement les situations.
Augmentation de l’épuisement émotionnel
La surcharge cognitive associée à la charge mentale réduit les ressources mentales disponibles pour se concentrer sur les solutions et prendre des décisions. Cela peut conduire à un épuisement émotionnel, qui affaiblit directement le sentiment d’efficacité personnelle.
Les symptômes observés sont :
• Une baisse de motivation pour entreprendre de nouvelles tâches.
• Une tendance à procrastiner ou à éviter les responsabilités.
- Diminution des expériences de réussite
Bandura identifie les expériences de réussite comme le facteur principal renforçant le sentiment d’efficacité personnelle. Or, la charge mentale peut empêcher de percevoir ou de savourer les succès, car l’esprit est constamment focalisé sur ce qui reste à faire. Une personne surchargée peut avoir du mal à reconnaître ses réalisations, même s’ils sont nombreux.
Solutions pour réduire la charge mentale
Le lâcher prise est une solution clairement identifiée pour réduire la charge mentale. Mais plus facile à dire qu’à faire !
« Les Français voudraient lâcher prise mais ils ne savent pas comment faire. Ils n’ont l’idée de recourir aux services à la personne que lorsqu’il y a un dysfonctionnement majeur (fatigue, maladie) ou qu’une compétence leur fait défaut (bricolage). Pris dans la reproduction des routines quotidiennes, ils ont du mal à prendre le recul nécessaire pour imaginer une autre forme de fonctionnement familial », indique Jean-Claude Kaufmann (sociologue, CNRS).
La prise de conscience du dysfonctionnement et de ses conséquences est un premier pas pour trouver des solutions et des stratégies pour mieux vivre le quotidien.
Vous vous reconnaissez dans cet article ? vous souhaitez agir ?
Voici quelques éléments de réflexion pour avancer seul dans votre parcours :
1- Qualification du problème
Dans un premier temps, il s’agit de bien qualifier le problème, de comprendre ce qui pèse le plus, distinguer ce qui est important de ce qui ne l’est pas, de cerner les zones d’inconfort. C’est un travail introspectif qui doit permettre de faire le tri entre ce qui nous appartient (ce qui nous impacte réellement et personnellement) de ce qui ne nous appartient pas (pression sociale, représentations, croyances limitantes). Bien souvent, tout est imbriqué, entremêlé, rendant la réflexion et l’élaboration de solution impossible. Mais finalement, qu’est-ce qui me fait plaisir à moi ? qu’est-ce qui est le plus important à mes yeux ? Est-ce que l’énergie que je consacre à certaines tâches est justifiée ?
2- Détermination des objectifs et des indicateurs
Se sentir bien, oui ! Mais à quoi le verrez-vous ?
Quel but souhaitez-vous atteindre ? Que souhaitez-vous arriver à faire ?
Les changements à apporter dans notre manière de fonctionner nous sont propres : ce qui va améliorer le bien être de votre ami(e) n’est pas forcément ce qui va vous permettre de VOUS sentir mieux. Bien déterminer ce que vous voulez arriver à faire, ce qui vous permettra de vous sentir moins appressée ne peut être déterminé que par vous-même.
3- Elaboration de stratégie
Chacun a en soi les ressources pour concourir à son bien-être. Les réponses, vous les avez ! Mais comment y accéder ? Quel plan d’attaque suivre pour aboutir à vos objectifs ?
C’est un gros morceau auquel vous vous attaquez.
Comme le dit le proverbe « Pour manger un éléphant entier, il faut y aller une bouchée à la fois ». Allez y par petits pas. Que puis-je faire qui me coute peu mais qui pourrait réduire ma charge mentale significativement ?
En décortiquant votre pensée de la sorte, vous devriez réussir à trouver des solutions rapidement, faciles à mettre en place et qui réduiront votre sentiment de charge mentale.
Si vous souhaitez aller plus loin dans cette démarche, n’hésitez pas à vous faire accompagner. Vous bénéficierez d’un parcours construit étape par étape.